Présentation de l’auteur
Jean-Marie Gustave
Le Clézio naît
à Nice en 1940. Il est le fils de Raoul Le Clézio,
chirurgien, et de Simone Le Clézio. Ses
parents sont cousins germains (tous les deux ont le même grand-père Sir Eugène
Le Clézio) et
sont issus d’une famillebretonne émigrée
à l’île Maurice auxviiie siècle où
ils acquièrent la nationalité britannique à la suite de l’annexion de l’île par
l’Empire. Le Clézio se
considère lui-même comme de culture mauricienne et de langue française.
Il
écrit ses premiers récits à l’âge de sept ans, dans la cabine du bateau qui le
conduit avec sa mère au Nigeria où
il va retrouver son père, qui y est resté pendant la Seconde Guerre
mondiale.
L’écriture et le voyage resteront dès lors indissociables sous la plume de
J.-M. G. Le Clézio.
Il effectue
ses études au collège littéraire universitaire de Nice, à Aix-en-Provence,
puis à Londres et
à Bristol. En
1964, il rédige un mémoire pour l’obtention du diplôme
d’études supérieuressur le
thème de La Solitude dans l’œuvre d’Henri Michaux.
Dès 23 ans, il devient célèbre lorsque
paraît Le Procès-verbal,
récit esthétiquement proche de L'Étranger d’Albert Camus et
des recherches narratives du Nouveau Roman,
baigné par le climat de la Guerre d’Algérie finissante, couronné
par le prix Renaudot en 1963.
En 1967, il fait son service militaire
en Thaïlande en
tant que coopérant, et est rapidement expulsé pour avoir dénoncé la
prostitution enfantine. Il est envoyé au Mexique afin
d’y finir son service. Il participe à l’organisation de la bibliothèque de
l'Institut français d’Amérique latine (IFAL), et commence à étudier le maya et
le nahuatl à
l’université de Mexico qui
le conduiront au Yucatán. Pendant quatre ans, de 1970 à 1974, il partage la vie des
Indiens Emberás et Waunanas,
au Panama. La
découverte de leur mode de vie, si différent de celui qu'il connaissait
jusqu'alors constitue pour lui une expérience qu'il qualifiera plus tard de « bouleversante ».
Après un premier mariage en 1961 avec Rosalie Piquemal
(avec qui il a une fille, Patricia), il se marie en 1975 avec Jémia Jean,
originaire
duSahara occidental et
mère de sa deuxième fille Alice. Ensemble,
ils écrivent Sirandanes (recueil
de devinettes proverbiales courantes
à Maurice) et Gens des nuages.
En 1977, Le Clézio
publie une traduction des Prophéties du Chilam Balam,
ouvrage mythologique maya, travail qu'il avait effectué au Yucatán.
Spécialiste
du Michoacan (centre
duMexique), il
soutient en 1983 une thèse d’histoire sur
ce sujet à l’Institut d'études mexicaines de Perpignan. Il
enseigne entre autres aux universités de Bangkok,
de Mexico,
de Boston, d’Austin et
d’Albuquerque,
mais en 1978, il
ne peut accéder au poste de chercheur au CNRS.
À la fin des années 1970, Le Clézio
opère un changement dans son style d’écriture et publie des livres plus
apaisés, à l’écriture plus sereine, où les thèmes de l’enfance, de la minorité,
du voyage, passent au premier plan. Cette manière nouvelle séduit le grand
public. En 1980, Le Clézio est
le premier à recevoir leGrand
prix de littérature Paul-Morand, décerné par l’Académie
française,
pour son ouvrage Désert.
En 1990, Le Clézio
fonde en compagnie de Jean Grosjean la
collection « L’Aube des peuples », chez Gallimard, dédiée à l’édition de textes
mythiques et épiques, traditionnels ou anciens. Son intérêt pour les cultures
éloignées se déplace dans les années 2000 vers la Corée,
dont il étudie l’histoire, la mythologie et les rites chamaniques, tout en
occupant une chaire de professeur invité à l’université
d'Ewha.
En mars 2007, il est l’un des
quarante-quatre signataires du manifeste « Pour une littérature-monde », qui
invite à la reconnaissance d’une littérature de langue française qui ne
relèguerait plus les auteurs dits « francophones » dans les marges ; et à retrouver
le romanesque du roman en réhabilitant la fiction grâce notamment à l'apport
d'une jeune génération d'écrivains sortis de « l’ère du soupçon.
»
Dans un entretien paru en 2001, Le Clézio
déplorait déjà que « l’institution littéraire française, héritière de la pensée
dite universelle des Encyclopédistes, [ait] toujours eu la fâcheuse tendance de
marginaliser toute pensée de l’ailleurs en la qualifiant d'"exotique" ».
Lui-même se définit d'ailleurs comme un écrivain « français, donc francophone
», et envisage la littérature romanesque comme étant « un bon moyen de
comprendre le monde actuel.
»
En octobre 2008,
alors que paraît Ritournelle de la
faim,
inspiré par la figure de sa mère, il se voit décerner le prix Nobel
de littérature.
Sa première réaction est d’affirmer que la récompense « ne changera rien » à sa
manière d’écrire.
Depuis de nombreuses années, il
parcourt de nombreux pays dans le monde, sur les cinq continents, mais vit
principalement à Albuquerque, et
en France, à
Nice et à Paris. Il a publié une quarantaine de volumes : contes, romans, essais, nouvelles,
deux traductions de mythologie indienne,
ainsi que d'innombrables préfaces et articles et
quelques contributions à des ouvrages collectifs.
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